vendredi 10 mai 2019

Khatchaturian: Gayaneh - Complete Ballet - 2 CD






Je crois que j'avais neuf ans quand j'ai découvert ce compositeur Russe, d'origine arménienne. Mes parents avaient de vieux 33 tours de musique classique, et autant vous dire qu'à cette époque, la musique classique me gonflait sérieusement. Les Mozart, Beethoven, Chopin, je les fuyais comme la peste ! Et pourtant, un disque avait toutes mes faveurs. Je vais être honnête, un morceau plutôt. Un sacré morceau de musique, qui éveillait ma frêle curiosité enfantine. Il figurait sur la face B, relégué en dernière position. Un peu comme un mal-aimé, loin, très loin derrière les Schubert, Chopin et autres classiques intemporels. Je regardai le disque et découvris son nom... Khatchaturian...
Ce nom déjà, Kha-cha-tu-rian !  Un poème à lui tout seul, un conte des Mille et une nuits, une invitation au voyage et à l'exotisme. Le morceau était une toccata pour piano. (Toccata in E Flat minor) À son écoute, je me transfigurais, transportais dans un monde imaginaire, comme subjugué, presque hypnotisé par ces harmonies et ces sonorités orientales. Quel choc ! Cette musique me parlait, j'éprouvais à un point que je n'aurais jamais cru possible, un maelstrom de sentiments, des torrents de lave incandescents irradiaient mon corps. Inutile de comprendre ce qui m'arrivait. Cette musique m'avait ensorcelé, des forces souterraines me submergeaient. J'ignore quel est la cause de tout ce grand chambardement intérieur, mais ce que je sais en revanche, c'est que cet artiste a exercé sur moi une étrange fascination, et qu'il m'a permis, bien des années plus tard, de découvrir et d'aimer la musique classique. Ou comment une simple toccata aura eu raison de mon ignorance.

Je voudrais dire un petit mot sur le ballet et le contexte historique.
Fin 1941. Alors que les troupes de la Wehrmacht arrivent aux portes de Moscou, Staline organise de toute urgence, l'évacuation par train, des industries d'armement vers l'est. Une partie de la population en fait autant, principalement l'élite politique et civile, parmi laquelle se trouve Khatchaturian. Paradoxalement, c'est dans ce contexte de guerre et d'exil forcé  qu'il va composer Gayaneh, ballet somptueux, paré d'une musique diablement enjouée, fleurant bon l'exubérance festive. Une musique qui honore et célèbre la mémoire vivante de sa chère Arménie. Les répétitions ont lieu à Perm, dans les usines de munitions ! Ouvriers et danseurs se côtoyant dans une fraternité chaleureuse, en pleine effervescence patriotique, prêts à fêter la Victoire finale...
Gayaneh, présenté ici dans sa version complète, est un festival de danses, qui puise leur force et leur source, dans le folklore arménien. Pour la petite anecdote, sachez que deux jours avant la première du spectacle, la Danse du Sabre qui doit en constituer le point d'orgue, n'est toujours pas écrite !! Khatchaturian n'y arrive pas, et se trouve dans la position de l'écrivain en panne d'inspiration devant sa feuille blanche. 
Finalement, à partir d'une mélodie de Gumri, danse de mariage arménienne, il réussit à créer un mélange détonnant et jouissif, un cocktail bigarré, où jazz et tradition s'imbriquent harmonieusement ! Saxophone, xylophone et trombone offrent ensemble un heureux contrepoint jazzistique à la mélodie traditionnelle jouée au piano... Une sacrée performance !
Kermite.

Lien :

https://1fichier.com/?bs41muj19j78ng3f7fe7  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire